La seconde main de plus en plus tendance

Face à la prise de conscience écologique, la société de consommation s’essouffle. Les consommateurs ne renoncent pas à acheter, mais ils procèdent différemment : soit ils se tournent vers des biens plus chers, mais conçus pour durer longtemps et être réparés en cas de panne, soit ils préfèrent la seconde main. La première tendance concerne les gros équipements, la seconde, les biens consommables et notamment le textile. La prédilection pour les achats d’occasion est particulièrement notable chez les jeunes, sans considération de classe sociale. La seconde main présente en effet bien d’autres avantages que la perspective de réaliser des économies.

Quelques chiffres sur le marché de l’occasion

D’après l’institut Xerfi, en 2019, le marché de l’occasion français représentait 7 milliards d’euros, dont 1 milliard rien que pour le textile ! L’IFOP complète l’information en affirmant que 60 % des Français ont acheté cette année-là des vêtements d’occasion. 

Les courbes de la consommation prédisent que le marché de l’occasion dépassera celui du neuf en 2028.

Une tendance qui touche tous les âges

Les plus gros consommateurs de textile d’occasion sont les 25-37 ans. Ils sont talonnés par les 18-24 ans. La tendance apparaît très nette chez les jeunes parents qui ont besoin d’habiller leurs enfants en pleine croissance.

L’achat de seconde main a bénéficié de la crise de la covid-19. Les magasins étaient fermés, tandis que les gens restaient enfermés chez eux. Ils disposaient de leur ordinateur et de leur smartphone à portée de main, ainsi que de beaucoup de temps libre. Un cocktail idéal pour prendre le temps de chercher les meilleurs sites pour acheter et revendre.

En 2021, Vinted, la plateforme leader du marché d’occasion recensait 16 millions d’abonnés en France et 45 millions dans le monde (Vinted était alors implanté dans une quinzaine de pays). La tendance de la seconde main est mondiale et nul doute qu’elle a de beaux jours devant elle. Il faut dire que ses avantages sont multiples.

Réaliser des économies conséquentes

Nous verrons que l’intérêt économique n’est pas le seul moteur de l’achat d’occasion, cependant, il demeure un argument de poids. D’après une étude de l’institut Kantar, il constitue la première motivation de près des trois quarts des acheteurs.

La seconde main pour le marché des textiles permet de réaliser des économies conséquentes, car les prix sont particulièrement attractifs pour des vêtements dans un état parfait.

Pourquoi le textile de seconde main est-il si peu cher ?

Les motivations des vendeurs de vêtements d’occasion sont diverses, mais, dans tous les cas, ils trouvent un avantage à proposer des tarifs très bas, car leur objectif est de vendre rapidement.

Les vêtements ont souvent été très peu portés. Il peut s’agir de pièces achetées sur un coup de tête qui ne correspondent pas vraiment au style de la personne. Ces vêtements encombrent les placards et doivent être vite vendus, souvent pour être remplacés.

Vous avez aussi affaire à des acheteurs compulsifs qui ont pris l’habitude d’acheter et vendre en permanence. Les sites et plateformes spécialisés permettent d’adopter un rythme régulier et de renouveler la garde-robe en permanence.

Les bas coûts s’expliquent aussi par l’offre pléthorique. Les vendeurs savent que s’ils ne proposent pas un prix bas, ils ne trouveront pas preneur et seront obligés de revoir leur tarif à la baisse. Plutôt que de perdre du temps, ils affichent directement un prix défiant toute concurrence.

Le marché du textile pour bébé

Les bébés sont des consommateurs effrénés de vêtements, tant leur croissance est rapide. Ils n’ont pas le temps d’user leur garde-robe qu’il faut déjà la remplacer. Pour les parents de ces jeunes enfants, le marché de l’occasion représente une véritable aubaine. Ils peuvent revendre les vêtements pour en acheter de nouveaux, souvent d’occasion.

Les parents deviennent ainsi les premiers acteurs de la seconde main.

L’occasion pour l’écologie

Le marché de seconde main se développe grâce à la prise de conscience écologique. Le textile en particulier consomme des ressources précieuses, cumulant le besoin de matières premières, de beaucoup d’eau et d’énergie pour la fabrication et le transport. Consommer plus malin donne en prime bonne conscience !

L’habillement des nourrissons se prête particulièrement bien à l’occasion. Il permet de changer aussi souvent que nécessaire de tenue, sans attendre que le bébé se sente étriqué dans sa tenue devenue trop juste.

Acheter plus grâce à la seconde main

L’achat de vêtements est utilitaire, mais se trouve également associé au plaisir de la consommation. L’institut Kantar estime que plus d’un tiers des acheteurs de seconde main agit par envie. Ce sont les 25-34 ans qui détiennent le record. Particulièrement sensibilisés au sujet des dégâts de la société de consommation, ils n’ont toutefois pas renoncé à acheter. En revanche, leur comportement a muté : ils ont transposé les comportements de surconsommation du neuf sur le marché de l’occasion.

Par ailleurs, on voit de nouvelles tendances émerger avec l’achat par lot, ainsi que l’achat au poids qui rencontre un certain succès pour les vêtements pour enfants. Les prix étant très bas, le consommateur prend le risque de trouver au sein du lot quelques pièces qu’il n’utilisera pas, mais qu’il revendra immédiatement, en les intégrant lui-même éventuellement à un lot.

OOTD, le hashtag de la mode à la mode !

Les réseaux sociaux ont éveillé la tendance narcissique des consommateurs. Le hashtag OOTD en est l’une des preuves. Outfit Of The Day qui signifie « tenue du jour » propose de s’afficher quotidiennement avec un nouveau look.

Ce phénomène représente des centaines de millions de publications, photos et vidéos qui caracolent en tête des posts les plus consultés, sur Instagram et Tik Tok, entre autres. On ne saurait faire plus tendance ! Pour suivre le rythme, il faut acheter plus, ce que permet le marché de seconde main.

Vendre pour financer ses achats

Les acheteurs d’occasion sont bien souvent les mêmes que les vendeurs. Ce mode de consommation est totalement entré dans les habitudes des jeunes consommateurs. Ils ne passent pas leur dimanche à la friperie ou sur un vide grenier, mais consultent frénétiquement leur plateforme préférée d’achat et de revente.

Chaque nouvelle vente permet un nouvel achat, la boucle est bouclée ! La garde-robe s’autofinance. Elle ne constitue plus une charge, mais permet de se faire plaisir, sans entamer son pouvoir d’achat.

Vendre pour vendre !

Le marché de l’occasion devient pour certains le moyen de tirer quelques profits. Il faut pour cela s’intéresser à la mode ou traiter des quantités conséquentes. Cela constitue chez certains jeunes l’équivalent d’un travail d’étudiant.

Le domaine des marques et du luxe permet de proposer des produits plus haut de gamme, après les avoir déjà achetés d’occasion. Il s’agit de vêtements, chaussures et accessoires comme les sacs à main par exemple.

Certains acheteurs recherchent des produits dont ils connaissent le potentiel. Ils n’hésitent pas parfois à leur redonner un petit coup de neuf, puis les revendent avec un bénéfice.

Une bénédiction pour les accros de la mode

Le propre de la mode est de se démoder ! Alors que vous venez à peine d’acheter une tenue, une autre tendance commence à émerger. Les lobbies de la mode ont engendré un phénomène façonné à leur avantage : l’obsolescence esthétique programmée !

Tandis que certains suivent le mouvement (les vendeurs), d’autres se fichent de la tendance (les acheteurs) et recherchent des vêtements qui soient avant tout à leur goût. Le marché de la seconde main permet de satisfaire tout le monde.



Le marché de la seconde main, actuellement en pleine expansion, dépassera bientôt l’achat du neuf. Ce phénomène ne comportant que des avantages, il est normal que ses adeptes ne cessent de se multiplier.


L'industrie textile: quelles conséquences sur l'environnement?
L’industrie textile occupe malheureusement une place de choix sur le podium des activités humaines les plus polluantes. Pour mesurer ses répercussions sur l’environnement, il convient de prendre en compte le cycle de vie d’un vêtement dans son ensemble. Il n’est bien sûr pas question de nous passer de vêtements, mais nous pouvons adopter des comportements plus respectueux pour l’environnement.